L’agriculture intégrée[1] est une agriculture visant à minimiser le recours aux intrants extérieurs à l’exploitation agricole par la mise en œuvre d’une diversité d’ateliers de production, de rotations longues et diversifiées, de restitutions des résidus de cultures ou des déjections animales au sol. Leur mise en œuvre favorise le recyclage des éléments minéraux et la qualité des sols et réduit les problèmes liés aux ravageurs et aux maladies. En phase avec les principes de l’agroécologie, l’agriculture intégrée repose donc sur une approche globale ou systémique de la gestion des exploitations agricoles visant à organiser les interactions entre ateliers de production dans le temps et/ou l’espace (par ex. fourniture de protéagineux par le système de cultures au système d’élevage, et fourniture de fumier par le système d’élevage au système de cultures). Ainsi, la mise en œuvre d’une agriculture intégrée est favorisée par la polyculture-élevage. L’agriculture de conservation, déjà présentée, qui suppose des rotations diversifiées, un travail limité du sol et une couverture permanente du sol est un autre exemple d’agriculture intégrée.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
Livre
accessible sur le site de la France Agricole, suivez ce lien.
L’agroécologie est l’alliance de l’agronomie et de l’écologie, destinée à faire évoluer les modèles agricoles et qui répond à une triple ambition : environnementale, économique et sociale[1].
La Loi d’Avenir pour
l’Agriculture[2]
définit les systèmes agroécologiques de la façon suivante : « Ces systèmes privilégient
l’autonomie des exploitations agricoles et l’amélioration de leur
compétitivité, en maintenant ou en augmentant la rentabilité économique, en
améliorant la valeur ajoutée des productions et en réduisant la consommation
d’énergie, d’eau, d’engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments
vétérinaires, en particulier les antibiotiques. Ils sont fondés sur les
interactions biologiques et l’utilisation des services écosystémiques et des
potentiels offerts par les ressources naturelles, en particulier les ressources
en eau, la biodiversité, la photosynthèse, sols et l’air, en maintenant leur
capacité de renouvellement du point de vue qualitatif et quantitatif. Ils
contribuent à l’atténuation et à l’adaptation aux effets du changement
climatique. »
C’est une vision ambitieuse fondée sur le lien au sol[3], le bas
niveau d’intrants (fertilisants, pesticides, eau, énergie, antibiotiques,
aliments pour bétails achetés), et des produits de terroir authentiques. S’il
n’y a donc pas d’uniformité en matière d’agroécologie parce que chaque exploitation
est unique, toutes respectent des principes communs et liés entre eux :
être
rentable : l’étude de l’application des principes de l’agroécologie
montre une augmentation significative de la marge nette des exploitations
et donc du revenu disponible pour les agriculteurs ;
être économe en
ressources, notamment en intrants : les intrants externes
représentent en moyenne, pour un agriculteur, une dépense de 50 à 60 % du
chiffre d’affaires ; les réduire c’est donc aussi assurer une
meilleure indépendance financière à son exploitation ;
être plus
autonome : notamment en étant plus diversifié, en recyclant les
ressources produites sur la ferme (comme les effluents ou les résidus de
culture utilisés pour maintenir et augmenter la fertilité des sols), ou en
cultivant soi-même les aliments nécessaires à l’alimentation des
troupeaux ;
être moins
polluante : en limitant les besoins de fertilisation et de traitement
et en favorisant la biodiversité avec des variétés et des races adaptées
aux territoires, avec des pratiques respectueuses de la qualité des sols,
de l’air, de la faune et de la flore, avec le retour des haies, des
bosquets et des mares, etc.
Les agro-systèmes durables s’inspirent largement de ces
mécanismes de régulation écologique qui sont capables d’ajuster spontanément
leur action à l’intensité de la dérive ou de la perturbation. C’est d’ailleurs
parce que le bocage n’est pas fondamentalement éloigné de la forêt climax[4] que cet
agro-système est stable et n’impose pas sa protection chimique systématique[5].
L’agroécologie
est une véritable lame de fond. Elle peut être présentée comme un retour à la
véritable agronomie, celle qui débute par un sol vivant et se répercute sur
l’ensemble de l’écosystème de l’exploitation agricole.
L’avenir
nous dira si les pratiques agroécologiques, sorte de troisième voie entre
l’agriculture conventionnelle ‘NPK’[6] reliquat des
années 70 et l’agriculture biologique s’interdisant la chimie de synthèse
s’imposera dans le paysage agricole.
Deux
associations d’agriculteurs promeuvent l’agroécologie activement en France. Il
s’agit de BASE (Biodiversité, Agriculture, Sol et Environnement) et de l’APAD
(Association pour la Promotion d‘une Agriculture Durable.)
BASE[7] se présente
comme un réseau d’échange entre agriculteurs, et techniciens innovants, qui
mettent en œuvre l’agriculture de conservation des sols.
L’APAD[8] réunit 500
agriculteurs et techniciens, qui échangent et expérimentent au sein de 10
collectifs régionaux et une association nationale, pour développer une 3ème
voie agricole basée sur la protection des sols : l’Agriculture de
Conservation des Sols
Celle-ci
place le sol au cœur du système de production et s’appuie sur 3 piliers
complémentaires :
1 / Couverture végétale
permanente du sol ;
2 / Semis sans travail du
sol ;
3 / Diversité et rotation des
cultures.
Les
associations Arbre et Paysage 32, ou encore Maraîchage Sol Vivant (MSV) sont
également des fers de lance de cette dynamique qui implique et regroupe de plus
en plus d’agriculteurs.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
Livre accessible
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