Ce site offre une extension du livre « Manager une entreprise agricole durable » qui est paru en mars 2019 aux éditions France Agricole.
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La permaculture est souvent vécue comme une démarche, une philosophie. Le but est de prendre soin de la nature, des Hommes et de partager équitablement. La permaculture[1] est une méthode systémique et globale qui vise à concevoir des systèmes (par exemple des habitats humains ou des systèmes agricoles), mais cela peut être appliqué à n’importe quel système comme les monnaies locales ou l’enseignement en s’inspirant de l’écologie naturelle, du biomimétisme[2]. Ce n’est pas une méthode figée mais un « mode d’action » qui prend en considération la biodiversité de chaque écosystème. La permaculture ambitionne une production agricole durable, très économe en énergie, autant en ce qui concerne le carburant que le travail manuel et mécanique, et respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques, tout en laissant à la nature « sauvage » le plus de place possible. La notion de « design », c’est-à-dire la conception puis la réalisation, la maintenance et la réévaluation est au cœur de cette démarche entreprise individuellement ou collectivement. Dans cette dynamique le Réseau Fermes d’Avenir a publié un plaidoyer[3] « Pour une agriculture innovante à impacts positifs ».
Des
détracteurs mettent en avant qu’il n’existe pas de viabilité économique des
exploitations maraîchères en permaculture basée uniquement sur la vente de
légumes en gros. En revanche, force est de constater que des modèles
économiques viables font leurs preuves mêlant production, vente directe,
transformation, accueil, formation et diverses autres prestations. Il y a sans
doute là un modèle porteur de sens et d’avenir.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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[2] Le biomimétisme désigne
un processus d’innovation et une ingénierie. Il s’inspire des formes,
matières, propriétés, processus et fonctions du vivant. Source
https://fr.wikipedia.org/wiki/Biomim%C3%A9tisme
L’agriculture de précision a débuté au milieu des années
1980 aux États-Unis et au cours des années 1990 en France. En couplant
technologies[1] (géomatique,
informatique, électronique) et agronomie, l’agriculture de précision apporte
aux agriculteurs des solutions permettant l’amélioration des performances
économiques et environnementales des productions. Elle facilite la réalisation
des travaux grâce à un pilotage sur mesure intra-parcellaire et non
standardisé. La maîtrise de la consommation de ressource (intrant, énergie,
eau, finance…) afin de produire mieux est à la base de cette dynamique. Dit
très simplement ; c’est la bonne dose, au bon moment et au bon endroit.
Les bénéfices attendus
de l’agriculture de précision pour les agriculteurs sont entre autres :
un confort de
travail amélioré ;
une montée en
compétences en agronomie ;
une meilleure
conduite des cultures ;
une meilleure
compréhension du fonctionnement du couple sol-culture en lien avec la
météo ;
des économies
d’intrants qui, répartis plus judicieusement, sont mieux valorisés ;
une meilleure
utilisation des intrants donc un moindre impact environnemental ;
l’amélioration de
l’image du métier.
L’agriculture
de précision se base sur :
la gestion
parcellaire et intra-parcellaire ;
l’optimisation des
rendements et des coûts de production ;
une meilleure prise
en compte du contexte pédoclimatique (nature du sol et météo) ainsi que de
la végétation.
Ce
n’est certainement pas l’alpha et l’oméga de l’agriculture durable mais force
est de constater que l’agriculture de précision offre des perspectives de
performances nouvelles.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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L’agriculture intégrée[1] est une agriculture visant à minimiser le recours aux intrants extérieurs à l’exploitation agricole par la mise en œuvre d’une diversité d’ateliers de production, de rotations longues et diversifiées, de restitutions des résidus de cultures ou des déjections animales au sol. Leur mise en œuvre favorise le recyclage des éléments minéraux et la qualité des sols et réduit les problèmes liés aux ravageurs et aux maladies. En phase avec les principes de l’agroécologie, l’agriculture intégrée repose donc sur une approche globale ou systémique de la gestion des exploitations agricoles visant à organiser les interactions entre ateliers de production dans le temps et/ou l’espace (par ex. fourniture de protéagineux par le système de cultures au système d’élevage, et fourniture de fumier par le système d’élevage au système de cultures). Ainsi, la mise en œuvre d’une agriculture intégrée est favorisée par la polyculture-élevage. L’agriculture de conservation, déjà présentée, qui suppose des rotations diversifiées, un travail limité du sol et une couverture permanente du sol est un autre exemple d’agriculture intégrée.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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La haute valeur environnementale (HVE)[1] est une reconnaissance officielle créée par le Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt de la performance environnementale des viticulteurs et des agriculteurs. Elle s’appuie sur des indicateurs de performance environnementale qui portent sur l’intégralité de l’exploitation. La certification porte sur 4 critères : la biodiversité de l’exploitation (haies, bandes enherbées, arbres, fleurs, insectes…), le faible recours aux intrants phytosanitaires, aux engrais et la préservation de la ressource en eau. Ainsi, la pression des pratiques agricoles sur l’environnement (air, climat, eau, sol, biodiversité, paysages) est réduite au minimum. Le système d’évaluation possède 3 niveaux[2] mais la HVE correspond seulement au niveau 3. Il est applicable à tous types d’exploitation : agricultures spécialisées et polycultures. La HVE concerne l’ensemble de l’exploitation et porte uniquement sur les aspects environnementaux et non sur l’ensemble des trois piliers du développement durable.
La
mention valorisante[3] « issue
d’une exploitation de Haute Valeur Environnementale » peut être apposé sur
les produits bruts et sur les produits transformés si ces derniers contiennent
au moins 95% de matières premières issues d’exploitations de haute valeur
environnementale. En juin 2018, 1015 exploitations sont reconnues HVE dont plus
des 3/4 en viticulture. Cette certification a des détracteurs qui lui reproche,
entre autres, d’être un « label » de plus et donc d’affaiblir les
initiatives antérieures.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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L’agriculture
raisonnée[1] est un mode
de production agricole dont le principal objectif est d’optimiser le résultat
économique du producteur tout en maîtrisant les quantités d’intrants, en
particulier les substances chimiques telles que les engrais ou autres produits
phytosanitaires, afin de limiter au maximum leurs impacts négatifs sur
l’environnement. On pourrait la qualifier de phase transitoire entre
l’agriculture dite « conventionnelle » et l’agroécologie, le temps
que les modèles économiques globaux et les professionnels s’adaptent.
Au niveau de la fertilisation, l’agriculture raisonnée a
pour objectif d’adapter les apports en éléments fertilisants aux besoins réels
des cultures en prenant en compte les éléments déjà présents dans le sol et
l’objectif de rendement. Pour cela, un bilan azoté est nécessaire pour connaître
la dose réelle d’azote à apporter.
Au niveau de la protection des cultures, elle permet de raisonner au
mieux les apports de pesticides grâce à des seuils d’intervention, des pièges,
des comptages sur le terrain ou encore des modèles de prévision ; dans le but
de réduire au maximum les résidus de produits phytosanitaires dans le milieu
naturel (eau, air, sol, produits alimentaires).
Ce mode
de production nécessite donc un suivi régulier et systématique des cultures et
des sols, afin de limiter les usages de produits phytosanitaires ou engrais au
strict nécessaire.
En
effet, grâce à l’agriculture raisonnée tout le monde s’y retrouve :
le producteur
réduit ses dépenses liées aux produits phytosanitaires ou autres engrais.
De plus, en apportant moins de substances chimiques, l’exploitant se
trouve alors moins confronté à ces dernières. Il est alors moins en
contact avec elles, ce qui lui permet d’être beaucoup moins exposé à leurs
risques à court terme (allergies, intoxications, rougeurs…) mais aussi à
plus long terme (risques de cancers en particulier).
le consommateur ne
peut que mieux s’en porter car il dispose d’aliments moins chargés en
résidus de substances chimiques le plus souvent très nocives pour la
santé.
l’environnement est
préservé car les intrants sont utilisés au plus juste.
En
1993, l’association FARRE[2] (Forum de
l’Agriculture Raisonnée Respectueuse de l’Environnement) a été à l’origine
créer pour développer, coordonner et promouvoir au niveau national
l’agriculture raisonnée.
Ce
dispositif propose à tous les agriculteurs d’adhérer, sur une base volontaire,
à une démarche de qualification portant sur une approche globale de leur
exploitation.
Aujourd’hui
toutes les forces vives de FARRE sont dédiées à l’association AGRIDEMAIN.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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L’agriculture biodynamique[1] est un mode d’agriculture biologique qui considère que des aliments de qualité ne peuvent être produits que sur une terre en pleine santé. Pour les tenants de ce type d’agriculture, l’utilisation massive de produits chimiques en agriculture pendant plusieurs décennies a appauvri la qualité des sols et des plantes. En favorisant une plus grande biodiversité des sols et en renforçant la santé des plantes, la biodynamie se veut être une agriculture durable par excellence.
En
1924, des agriculteurs et agronomes allemands inquiets de constater des
phénomènes de dégénérescence sur les plantes cultivées, des pertes de fécondité
dans leurs troupeaux ou l’emploi de substances chimiques de synthèse, firent
appel à Rudolf Steiner. Philosophe et scientifique d’origine autrichienne, il
est connu comme le fondateur d’un mouvement pédagogique et de diverses
initiatives dans les domaines culturel, social et thérapeutique :
l’anthroposophie. Il a défini les bases des techniques biodynamiques lors
de son « Cours aux Agriculteurs ».
La
biodynamie œuvre pour :
Nourrir la terre et
les Hommes
Respecter le
vivant, les rythmes et le terroir
Renforcer la vie du
sol et la santé des plantes
Créer des domaines
agricoles équilibrés
L’agriculture
biodynamique est une méthode qui repose sur la recherche de l’équilibre de la
culture avec son environnement immédiat et plus lointain. Les principes
fondamentaux sont :
L’amélioration du sol et de la plante par des
préparations issues de matières végétales (tisanes de prêle ou d’ortie…),
animales (bouse de corne sur la vigne…) et minérales (quartz…) ;
L’application de ces préparations à des moments
précis en fonction des cycles de végétation de la plante et en rapport avec le
calendrier lunaire et planétaire ;
Le travail du sol par des labours et des griffages.
Plusieurs
études mettent en évidence les effets positifs de la biodynamie, notamment
réalisée sur plus de 20 ans par le FIBL l’Institut de recherche de
l’agriculture biologique suisse[2], centre de
recherche de référence en Europe.
Demeter
est la marque internationale de
certification de l’agriculture biodynamique. Elle garantit le respect
des pratiques biodynamiques sur les domaines agricoles, ainsi que le respect de
la qualité de ces produits lors de leur transformation. Les cahiers des charges
Demeter pour la production agricole et pour la transformation des produits
agricoles sont également plus stricts
que le règlement bio européen (mixité des fermes interdites, CMS
-cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques – interdits, moins d’intrants
autorisés, cahier des charges pour la vinification plus strict…). Aujourd’hui,
les cahiers des charges Demeter couvrent une gamme complète de produits : produits alimentaires, cosmétiques et
textiles et la marque Demeter est présente dans 60 pays.
L’agriculture
biodynamique a aussi de nombreux détracteurs qui lui reprochent son approche
pseudo-scientifique[3] et son manque
de rationalité. Face à ce mode de production et d’appréhension du monde je
suggère d’avoir une attitude de bon scepticisme, en réalisant, par exemple, des
tests concrets pour savoir si la méthode et les résultats obtenus sont
satisfaisants pour vous.
Notons
simplement que la biodynamie propose une vision globale, philosophique, du
vivant et du monde qui nous entoure. C’est une approche qualifiée d’ésotérique
qui est très éloignée d’une approche matérialiste ou « NPK »[4] de l’acte de
production. Des divergences significatives et importantes sont logiquement
observées. Les approches scientifiques poussées, de type physique quantique,
seront sans doute à l’avenir, un pont entre ces deux conceptions du monde. En
effet, la physique quantique tend à apporter des éléments de réponse et
d’explication scientifique aux affirmations énoncées par cette agriculture que
l’on pourrait qualifier de subtile.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
Livre
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Pour
l’agriculture écologiquement intensive (AEI), l’intensivité s’applique aux
fonctionnalités écologiques, par leur amplification et la pleine intégration
des écosystèmes. Il s’agit dès lors, non seulement, de tirer le meilleur parti
possible des ressources naturelles, en s’assurant de leur pérennité, mais aussi
de plus jouer sur la main d’œuvre que sur le capital. Une option qui fait sens
dans la crise que traversent nos sociétés à fort taux de chômage. Mieux,
l’agriculture écologiquement intensive pourrait, selon Michel Griffon[1], réconcilier
producteurs et consommateurs, qui ont, aussi bien les uns que les autres, tout
à gagner à envisager les conséquences globales de leurs pratiques, et non
uniquement leurs intérêts individuels, tout en tenant compte d’enjeux
fondamentaux tels que la faim dans le monde. Dans cette optique, l’auteur
de « Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ? »
n’exclue pas a priori les OGM, ni les biocarburants. L’essentiel consiste alors
pour lui à toujours appréhender les systèmes dans leur globalité et leur
complexité, sans chercher à imposer une solution universelle.
Dans
son approche, l’économiste et agronome insiste sur la nécessité d’une
intervention publique dans le domaine de l’écologie – définie comme le contrôle
des milieux et des écosystèmes – car structurellement, ce type de secteur
« où l’innovation n’est pas un objet de propriété intellectuelle » ne
peut intéresser les firmes privées. De même, il faudrait une politique qui
prenne en compte tous les aspects non alimentaires de l’agriculture, avec des
« mécanismes équitables de répartition des charges et des
bénéfices », en finançant et encourageant par exemple des « services
environnementaux » rendus par les agriculteurs.
En
résumé l’agriculture écologiquement intensive[2]
désigne une agriculture, non plus intensive en produits chimiques, mais qui
utilise au mieux le fonctionnement des écosystèmes sans altérer leur
renouvellement. D’une certaine manière, c’est une agriculture qui fait
confiance aux capacités productives naturelles du vivant. Il s’agit bel et bien
d’une nouvelle orientation technique pour les agricultures, celle de
l’utilisation de l’écologie scientifique comme base des raisonnements des
modèles de cultures et d’élevages.
L’AEI s’illustre notamment via
La Nouvelle agriculture[3]. Cette marque
a été créée en avril 2017 par les agriculteurs adhérents à la coopérative
Terrena. Elle propose quatre types de viandes : lapin, porc, poulet et
bœuf commercialisés dans les grandes et moyennes surfaces de l’Hexagone.
Ces produits répondent à un
cahier des charges basé sur une agriculture innovante, respectueuse du vivant
et sur des agriculteurs capables d’élaborer des produits de qualité accessibles
à tous pour une alimentation plus saine[4].
L’objectif de ces agriculteurs et de leur coopérative est de retisser un lien
fort et direct avec les consommateurs.
Onze engagements rassemblent
ces agriculteurs : éviter l’usage des antibiotiques, nourrir les animaux
sans OGM, assurer une traçabilité du champ à l’assiette, respecter un cahier des
charges pour le bien-être animal, introduire des aliments riches en oméga 3
grâce au partenariat avec Bleu Blanc Cœur, limiter les intrants chimiques,
maîtriser les filières, préserver et développer la biodiversité, réduire les
émissions de CO2, faire contrôler les élevages par un organisme
indépendant, et enfin innover pour produire toujours mieux.
La
démarche bénéficie de recherche et développement initiés en interne dans la dynamique d’agriculture
écologiquement intensive et validée par des agriculteurs expérimentateurs
« Sentinelles de la terre ». Les productions labellisées NA sont
mieux rémunérés et bénéficient d’une communication efficace avec, entre autres,
un affichage clair dans les rayonnages des grandes surfaces.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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L’agroforesterie[1] désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ.
L’agroforesterie
vise à :
Diversifier la
production des parcelles
Restaurer la
fertilité du sol
Garantir la qualité
et la quantité d’eau
Améliorer les
niveaux de biodiversité et reconstituer une trame écologique
Stocker du carbone
pour lutter contre le changement climatique
Ces
pratiques comprennent les systèmes agro-sylvicoles mais aussi sylvopastoraux,
les pré-vergers (animaux pâturant sous des vergers de fruitiers).
Il
existe une grande diversité de systèmes agroforestiers[2].
En effet, les combinaisons sont nombreuses entre les pratiques agricoles, les pratiques
sur les arbres, les échelles considérées (Parmi toutes les combinaisons, les
associations arbres – productions agricoles sont le plus souvent simultanées.
C’est le cas des parcelles complantées (grandes cultures sous peupliers ou
noyers, prés-vergers), des surfaces sylvopastorales (prés-bois, forêts
pâturées, pré-vergers), des cultures étagées, des alignements d’arbres, haies
et ripisylves en bordure de parcelles agricoles, des bocages… Mais il peut
aussi s’agir d’associations dans le temps avec une production agricole et une
végétation ligneuse qui se succèdent (cultures sur abattis-brûlis, taillis à
courte rotation).
Pour
Ernst Zürcher, forestier suisse et auteur de « Les arbres entre visible et
invisible » le principe de la sylviculture durable[3]
proche de la nature suit le « rendement soutenu », c’est-à-dire ne
dépassant pas l’accroissement courant sur le long terme. Cela consiste
concrètement à activer le capital et récolter l’intérêt.
En
clair, le volume de bois exploité chaque année dans une forêt donnée, composée
de différents peuplements, ne dépasse pas le niveau de l’accroissement moyen du
massif pris dans son ensemble. Le prélèvement lui-même a pour effet d’activer
la formation de bois chez les arbres restants, dans la mesure où il accorde davantage
de lumière à leurs couronnes et empêche le peuplement d’entrée dans son stade
sénescent final, nettement moins productif.
Dans sa
réflexion sur la forêt en tant qu’organisme et sur le principe de sa gestion
durable, le forestier Rolf Henning constate : « L’Homme ne se trouve
donc pas ici face au biosystème ou à l’écosystème forêt mais il constitue
plutôt lui-même un maillon fonctionnel de ce système, puisqu’il intervient
directement dans les processus naturels. D’une part, il assure des fonctions qui,
dans le cas de forêts vierges, c’est-à-dire sans intervention humaine,
reviendrait à d’autres acteurs organiques tels que les champignons ou insectes
ravageurs, et abiotiques tels que les tempêtes ou incendies. D’autre part, il
bénéficie du rendement économique de ce qui, sinon, serait prélevé ou détruit
par ces autres acteurs fonctionnels ».
Une
forêt gérée selon la compréhension et le respect des lois de la nature se
caractérise par :
Des sols riches en matière organique
(carbone) ;
Une biodiversité élevée ;
Une aptitude à stocker et purifier
l’eau ;
Une grande résilience face aux extrêmes
climatiques ;
Le non-recours aux engrais minéraux de
synthèse ;
Le fait de se passer entièrement de
biocides ;
L’absence de labour mécanique.
Ernst
Zürcher affirme que le point culminant de la diversité ornithologique et en
espèces végétales allait de pair avec le paysage bocager ouvert extensif de
l’ère préindustrielle – dans lequel de nombreuses espèces venant du sud et de
l’est avaient pu trouver des niches écologiques -, et ne dépendait pas du stade
bien antérieur des forêts climaciques relativement fermées qui couvraient
l’Europe avant le début des défrichements. Il ressort de ces faits que
certaines formes de gestions actives de la nature par l’Homme – à but de production
– ont eu, dans certaines conditions, l’effet paradoxal non de l’appauvrir, mais
d’en augmenter la biodiversité. En ce sens, le dualisme
« écologie-économie » ou « nature-culture », ou encore
« réserve naturelles intégrales-zones agro-industrielles intensives »
doit être remis en question et dépassé. De multiples exemples l’ont
démontré : l’Homme n’a pas fatalement un impact destructeur sur la nature
– il est aussi capable de s’y insérer et d’y agir dans une sorte de
« partenariat » constructif et dynamisant à condition d’en avoir
compris les principes de fonctionnement et d’en tenir compte.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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L’agroécologie est l’alliance de l’agronomie et de l’écologie, destinée à faire évoluer les modèles agricoles et qui répond à une triple ambition : environnementale, économique et sociale[1].
La Loi d’Avenir pour
l’Agriculture[2]
définit les systèmes agroécologiques de la façon suivante : « Ces systèmes privilégient
l’autonomie des exploitations agricoles et l’amélioration de leur
compétitivité, en maintenant ou en augmentant la rentabilité économique, en
améliorant la valeur ajoutée des productions et en réduisant la consommation
d’énergie, d’eau, d’engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments
vétérinaires, en particulier les antibiotiques. Ils sont fondés sur les
interactions biologiques et l’utilisation des services écosystémiques et des
potentiels offerts par les ressources naturelles, en particulier les ressources
en eau, la biodiversité, la photosynthèse, sols et l’air, en maintenant leur
capacité de renouvellement du point de vue qualitatif et quantitatif. Ils
contribuent à l’atténuation et à l’adaptation aux effets du changement
climatique. »
C’est une vision ambitieuse fondée sur le lien au sol[3], le bas
niveau d’intrants (fertilisants, pesticides, eau, énergie, antibiotiques,
aliments pour bétails achetés), et des produits de terroir authentiques. S’il
n’y a donc pas d’uniformité en matière d’agroécologie parce que chaque exploitation
est unique, toutes respectent des principes communs et liés entre eux :
être
rentable : l’étude de l’application des principes de l’agroécologie
montre une augmentation significative de la marge nette des exploitations
et donc du revenu disponible pour les agriculteurs ;
être économe en
ressources, notamment en intrants : les intrants externes
représentent en moyenne, pour un agriculteur, une dépense de 50 à 60 % du
chiffre d’affaires ; les réduire c’est donc aussi assurer une
meilleure indépendance financière à son exploitation ;
être plus
autonome : notamment en étant plus diversifié, en recyclant les
ressources produites sur la ferme (comme les effluents ou les résidus de
culture utilisés pour maintenir et augmenter la fertilité des sols), ou en
cultivant soi-même les aliments nécessaires à l’alimentation des
troupeaux ;
être moins
polluante : en limitant les besoins de fertilisation et de traitement
et en favorisant la biodiversité avec des variétés et des races adaptées
aux territoires, avec des pratiques respectueuses de la qualité des sols,
de l’air, de la faune et de la flore, avec le retour des haies, des
bosquets et des mares, etc.
Les agro-systèmes durables s’inspirent largement de ces
mécanismes de régulation écologique qui sont capables d’ajuster spontanément
leur action à l’intensité de la dérive ou de la perturbation. C’est d’ailleurs
parce que le bocage n’est pas fondamentalement éloigné de la forêt climax[4] que cet
agro-système est stable et n’impose pas sa protection chimique systématique[5].
L’agroécologie
est une véritable lame de fond. Elle peut être présentée comme un retour à la
véritable agronomie, celle qui débute par un sol vivant et se répercute sur
l’ensemble de l’écosystème de l’exploitation agricole.
L’avenir
nous dira si les pratiques agroécologiques, sorte de troisième voie entre
l’agriculture conventionnelle ‘NPK’[6] reliquat des
années 70 et l’agriculture biologique s’interdisant la chimie de synthèse
s’imposera dans le paysage agricole.
Deux
associations d’agriculteurs promeuvent l’agroécologie activement en France. Il
s’agit de BASE (Biodiversité, Agriculture, Sol et Environnement) et de l’APAD
(Association pour la Promotion d‘une Agriculture Durable.)
BASE[7] se présente
comme un réseau d’échange entre agriculteurs, et techniciens innovants, qui
mettent en œuvre l’agriculture de conservation des sols.
L’APAD[8] réunit 500
agriculteurs et techniciens, qui échangent et expérimentent au sein de 10
collectifs régionaux et une association nationale, pour développer une 3ème
voie agricole basée sur la protection des sols : l’Agriculture de
Conservation des Sols
Celle-ci
place le sol au cœur du système de production et s’appuie sur 3 piliers
complémentaires :
1 / Couverture végétale
permanente du sol ;
2 / Semis sans travail du
sol ;
3 / Diversité et rotation des
cultures.
Les
associations Arbre et Paysage 32, ou encore Maraîchage Sol Vivant (MSV) sont
également des fers de lance de cette dynamique qui implique et regroupe de plus
en plus d’agriculteurs.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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Depuis les années 1920/1930, des courants de réflexion sur une agriculture respectueuse de l’environnement existent en Europe. En France, les premiers cahiers des charges sur l’agriculture biologique (AB) apparaissent en 1972. La création du premier cahier des charges français unifié date de 1991 et la création du premier cahier des charges européens de 2009.
Le
grand principe[1] de l’AB est
de respecter le lien sol/plante/animal en interdisant l’utilisation d’intrants
d’origine non naturelle (pesticides, engrais chimiques, OGM). Les produits
phytosanitaires d’origine naturelle et les métaux sont, quant à eux, autorisés.
Ce principe oblige donc à revoir l’ensemble du système de l’exploitation pour
maîtriser le salissement des cultures et améliorer le bien-être animal entre
autres.
L’objectif
principal est de garantir une production qui soit respectueuse de
l’environnement tout en rémunérant suffisamment les producteurs. La non
utilisation de produits chimiques a également pour but de préserver la santé du
producteur et de garantir des produits plus sains pour le consommateur. L’autre
objectif de ce type d’agriculture est de pousser le producteur à être le plus
autonome possible en réduisant au maximum ses charges opérationnelles.
Pour
être considéré agriculteur « bio »[2],
une période de conversion de 2 ans minimum est nécessaire durant laquelle
l’agriculteur doit respecter le cahier des charges sans pouvoir valoriser ses
produits en AB.
Aujourd’hui,
un cahier des charges européen est en vigueur. Des contrôles annuels, réalisés
par des organismes de certifications indépendants, garantissent la
labellisation de chacun des producteurs et opérateurs de la filière. Certains
opérateurs économiques peuvent aller plus loin en imposant que l’origine des
intrants soit d’origine française ou régionale.
Une
initiative se démarque dans le paysage du bio : Nature & Progrès[3]. C’est une
association de consommateurs et de professionnels unis par l’ambition de
défendre une agriculture biologique :
respectueuse des
Hommes, des animaux, des plantes et de la planète.
biodiversifiée
capable de satisfaire le plaisir des saveurs et de garantir la santé.
qui préserve le
tissu rural et le métier de paysan en le revalorisant.
qui soutient les
savoir-faire et les semences paysannes.
éthique et
rigoureuse, sans complaisance avec l’économie de marché.
Source :« Manager une entreprise agricole durable » Editions France Agricole, février 2019
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